Le village d’Evecquemont, aviscus mons ou eviscus mons, dans les titres du Moyen-Âge, est bâti au sommet d’une colline sur la rive droite de la Seine, au-dessus de Meulan.
Un monastère important favorisa le développement de ce centre de population, s’il n’en fût le berceau.
Ce monastère était de l’ordre de Saint Benoît et relevait de la puissante Abbaye de Fécamp, dont les chroniques normandes racontent l’origine et à laquelle se trouve liée l’histoire d’Evecquemont.
« Richard-sans-Peur, fils de Guillaume Longue-épée, duc de Normandie, voulant après sa mort, être inhumé à Fécamp, ordonna de construire sur l’emplacement de l’Eglise basse et obscure, un édifice beaucoup plus vaste où il fit préparer un cercueil de pierre, qu’il confia à la garde de Chanoines réguliers. Puis, en présence de quatorze évêques et d’une grande partie de la noblesse il fit, le 15 juin 990 consacrer cette église à la Sainte Trinité, lui donna des revenus considérables, qu’augmentèrent encore de leurs libéralités, les barons conviés à cette cérémonie.
L’Eglise de Fécamp fut ainsi dotée de douze paroisses avec leurs dépendances et les droits de patronage, de sépultures et de représentations qui s’y trouvaient attachés. Mais les Chanoines, auxquels était confiée la garde de l’Eglise, « se conduisant mal », Richard résolut de les remplacer par des religieux de l’ordre de Saint Benoît. L’âge l’empêchant de réaliser ce projet, il en recommanda, avant sa mort, l’exécution à son fils Richard, surnomé « Le Bon ». Ce Monarque fit alors venir de Fécamp, sous la conduite du lieutenant Guillaume, l’Abbé de Sainte-Bénigne de Dijon et quelques religieux de ce Monastère. Il leur bâtit un cloître et de lieux réguliers ».
« L’Eglise de Notre Dame de l’Assomption d’Evecquemont figurait au nombre des douze Paroisses dont le Pape Calixte II assura la possession en l’en 1119 à l’Abbaye de Fécamp et que Hugues, Archevêque de Rouen, lui confirma en 1130 ».
Il y a donc tout lieu de croire que la fondation du Prieuré d’Evecquemont remonte aux premières années du XIème siècle et que la donation de son Eglise fut consentie à l’Abbaye de Fécamp dès le 9 juin 990 par Gaultier II, dit « Le Blanc », Comte du Vexin (partie supérieure des Armes d’Evecquemont créées en 1987).
« Vers l’an 1450, la succession de la terre d’Evecquemont passe à Philippe de Valangoujar. Sa fille épousa Jean de Villiers de l’Isle Adam, qualifié de Seigneur d’Evecquemont.
La qualité de Jean de Villiers comme Seigneur d’Evecquemont est encore constatée par un acte du 16 mai 1519 par lequel son fondé de pouvoir, Bertrand Resve, donne à bail à Jean Clavière, du fort de Meulan, une pièce de terre de trente arpents faisant partie d’une plus grande qui se trouvait située sur l’Hautil et dépendait du fief de ce Seigneur.
En l’année 1551, le Seigneur d’Evecquemont fit assigner devant le bailli, tous les chefs de famille dudit lieu, pour s’entendre condamner à lui payer vingt neuf années d’arrérages d’un écu de cens pour le droit de pâturage de leurs bestiaux sur les friches de l’Hautil et de plus à abattre leurs fours aussitôt qu’il aurait fait réédifier son four banal détruit par ses troupes. Cent seize habitants comparurent et quatorze firent défaut. Parmi les premiers vingt six, y compris le prieur, opposèrent l’incompétence du juge, prétendant n’être justiciables que du prieuré. Les quatre vingt dix autres reconnurent les droits du seigneur et offrirent de s’acquitter envers lui par une poule de redevance annuelle que chaque habitant ayant feu et lieu audit Evecquemont s’engagerait à porter en la résidence seigneuriale au jour de Noël. Cette proposition ayant été acceptée une sentence du baillage d’Evecquemont, en date du 12 juin 1551, sanctionna cet arrangement qui tint quitte lesdits habitants envers le seigneur des 60 sols tournois dus, comme arriéré et leur accorda, pour l’avenir, la liberté de cuire le pain à leur usage ou bon leur semblerait.
Telle est l’origine de cette redevance appelée à Evecquemont, la poule d’Hautil ».
« En date du 18 mai 1782, la terre d’Evecquemont est acquise par Jean Balthazar, Chevalier, Comte d’Adhémar de Montfalcon, Montélimart et Grignan, Seigneur de Thun et d’Evecquemont. Il était premier écuyer de Madame Elisabeth de France ; il fut Ambassadeur du roi près de sa Majesté Britannique, Gouverneur de la ville de Dieppe ? Maréchal de camp des Armées, Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis. Il fut nommé grand bailli d’épée du baillage de Meulan, le 27 avril 1783. Il représenta Evecquemont aux Etats Généraux à Mantes le 9 mars 1789 ».
L’abolition des droits féodaux avait paru être une circonstance favorable à la réalisation de leur désir et Madame Adhémar, par un acte de l’an II de la République (9 décembre 1793) avait fait don à la commune d’Evecquemont de 36 arpents de pâture et de 4 arpents de friches limitrophes.
Désormais, la poule d’Hautil, n’est plus qu’un souvenir auquel reste attaché par reconnaissance le nom d’Adhémar.
En 1814, Monsieur Octave Chollet, devint propriétaire du domaine d’Evecquemont.
Le Prieuré qui jouxte l’Eglise, semble avoir existé jusqu’au XVIIIème. Lors de la révolution, il fut vendu comme bien national, les bâtiments et les lieux claustraux convertis en maison bourgeoise et fut ensuite remplacé par une petite propriété.
Monsieur Paul Roux, Antiquaire, Président des Galeries Georges Petit, en fit l’acquisition en 1908. Il procéda à sa complète reconstruction dans sa forme actuelle. C’est en 1937, que Monsieur Francis Elvinger en devint propriétaire. Depuis son décès, son fils Gilbert lui succède.
A peu de distance de l’Eglise et du Prieuré, sur le versant du coteau, s’élève le château d’Evecquemont. Cet édifice est moderne.
Le vieux manoir, bâti par les descendants de Renaud de Gaillonnet a cependant laissé quelques vestiges qu’il faut chercher parmi les bâtiments de la ferme contigüe. Depuis longtemps déjà, les seigneurs d’Evecquemont, trop à l’étroit en cette résidence, avaient commencé l’édification d’un nouveau logis seigneurial à peu de distance de l’ancien, sur l’emplacement même qu’occupe aujourd’hui, le château.
Monsieur Richard, alors Maire d’Evecquemont, entreprit la reconstruction du château. A sa mort, en 1878, son fils vendit cette propriété. Enfin, en 1888, le château fut revendu par Pierre Garban à Louis Edouard Lafferrière, vice-président du Conseil d’Etat.
L’acquisition fut ensuite faite par Monsieur Millon, propriétaire du Café de la Paix et du Grand Hôtel à Paris. C’est en 1912 qu’il fit construire, de ses deniers, l’école qui se trouve à côté de la Mairie, remplaçant le café le Bossey et actuellement transformée en salle communale.
Dès le XIème siècle, on peut assurer que les Moines Bénédictins construisirent une première église.
D’après les Historiens, il semble que la chapelle de la visitation fut le choeur de l’Eglise primitive.
Toutefois, lors de la restauration de l’abside (1977/1978) on mit à jour les fondations de cette Eglise.
Extérieurement, seul le soubassement du pourtour de l’abside semble avoir été construit à la fin du XIXème siècle. La montée de l’Eglise est de cette époque ainsi que la sacristie actuelle.
La partie la plus intéressante est l’entrée. Construite vers la seconde moitié du XIème siècle, et attribuée à Nicolas Mercier. Ce porche est encadré de deux colonnes surmontées de chapiteaux ornés de feuilles d’acanthe, réhaussé d’un fronton qui était orné d’une frise, aujourd’hui cachée sous une couche de plâtre.
Intérieurement, le bas côté de style renaissance, est édifié vers la moitié du XVIème siècle. Sur l’un des piliers se trouve le monogramme de François 1er (salamandre).
A la rencontre des ogives la clé de voute est sculptée d’une tête d’ange et d’un calice.
Les voutes viennent s’appuyer sur les colonnes dont les chapiteaux ont conservé leur cachet primitif.
Dans le bas côté, se trouvent deux statues de pierre, provenant de la chapelle de Thun, offertes par le Châtelain en remerciement aux habitants d’Evecquemont pour l’avoir caché durant la révolution.
l’une représente Sainte-Catherine de Hongrie, l’autre Saint-Hilaire. Ces deux statues datent du XVIème et XVIIème siècle.
L’abside est un pur chef d’oeuvre du XIIIème siècle. Sous la Chapelle de la Visitation, dans la partie choeur et autel, se trouve un caveau. On peut penser que sous cette dalle se trouvent les tombeaux des Prieurs du Monastère.
Des travaux de restauration furent exécutés dans les années 1978/1979.
Les cloches
La plus grosse est née et baptisée en 1887.
Caroline Charlotte par Monsieur Charles Charban et Mme Caroline Cezilly, ses Parrain et Marraine.
Conseil de Fabrique : Messieurs J-M Legrand – F. Bourdillon – H. Damville – Dubray – Hure et Thomas Curé de Vaux sur Seine.
Fabriquée 1887 par Dubuisson & Fils Fondeurs à PARIS.
La plus petite est née et baptisée en 1889.
Magdeleine d’Evecquemont par Monsieur Charles Louis Maurice Comte de Montaignac et Marie-Célestine Caroline Fages ses Parrain et Marraine.
Conseil de fabrique Messieurs Charles Retif – Hure et Rouilly curé de Tessancourt, desservant Sacristain.
Fabriquée à Paris en 1889 par Dubuisson & Fils Fondeurs.
Les Vitraux
Lors de la restauration de l’Eglise, les fenêtres furent rétablies et munies de vitraux, dont la décoration fut assurée par Monsieur Hermet, Maire à l’époque.
Vitrail de gauche, moine bénédictin, grappe de raisin et tonneau, rappellent la culture de la vigne pour l’obtention du vin de messe. Le ciboire se détache dans un ciel éblouissant. Suivant les vieux écrits, le vitrail porte l’inscription.
Vitrail central : rappelle la passion du Christ.
Sur la croix, une colombe de la paix rappelle qu’aux temps anciens, la colline d’Evecquemont a vu le rassemblement d’oiseaux migrateurs, d’où son premier nom
Aviscus mons
Vitrail de droite : blason de l’Abbaye de Fécamp formé de deux écus héraldiques avec couronne, mitre et crosse, entouré d’épis de blé. Il rappelle l’appartenance du Prieuré d’Evecquemont à cette abbaye. Les moines Bénédictins défrichèrent jachères et bois pour ensemencer les céréales nécessaires à leur nourriture terrestre. L’hostie, le corps du Christ sur la patène dans un soleil brillant.
De cette époque, XIIème siècle, date le nom : d’Episcopi mons (mont épiscopal)
Ces vitraux furent subventionnés entièrement par la Société « La Sauvegarde de l’Art Français ».
Comme l’ensemble du massif de l’Hautil, les sous-sols d’Evecquemont ont été exploités depuis le Moyen-âge pour en tirer des pierres calcaires, du grès, de la meulière, des pierres à plâtre et du gypse. Si l’extraction est relativement artisanale à ses débuts, elle se mécanise lors de la Révolution Industrielle et des concessions sont accordées pour l’exploitation souterraine sur plus d’un tiers du territoire communal.
De moins en moins rentables, les exploitations s’arrêtent au cours du XXe siècle. Certaines carrières sont alors transformées en champignonnières comme la carrière Sébillotte au sud du village.
Si les entrées des carrières sont désormais condamnées pour des raisons de sécurité, les traces de cette exploitation sont encore largement visibles à Evecquemont aujourd’hui à travers les murs en meulière de nos maisons.
Attention : L’accès aux carrières est désormais interdit et représente un grave danger en raison de poches de CO2 qui peuvent s’avérer mortelles !
C’est en 1908 que l’électricité est arrivée à Evecquemont.
Elle était exclusivement réservée à l’éclairage public.
Au moyen d’une « manette », Monsieur Jules Delaforge établissait le courant, tandis que son épouse préparait le repas aux ouvriers de l’Electricité.
L’éclairage privé n’arrivera que beaucoup plus tard.
Alors que dans notre monde rural actuel, la machine remplace les manutentions, dans les années 1930, il faut faire référence à nos « anciens », dans l’art de nettoyer notre village.
Les tuyaux de cuir rivetés, débitant en abondance l’eau dans les caniveaux, sous la direction d’une trompe les riverains devaient sortir avec leur balai, le samedi matin et nettoyer en alternance, « un coup à gauche, un coup à droite », le devant de leur porte. Cette trompe est restée figée, depuis l’après-guerre.
Vers 1934/1935, les routes empierrées du village furent goudronnées.
En 1959, nous assistons à la réalisation de la nouvelle place et à l’édification d’une dizaine de pavillons construits route de Vaux.
L’année 1960 voit s’établir le numérotage des habitations. Deux dénominations sont faites : rue Maurice Dubois et rue des Carrières, ancienne continuité de la rue de Chollet.
Chaque année, au 14 juillet, à dix sept heures, nos cloches centenaires, se déchainent pour inviter la population à venir consommer quelques sept cents casse-croutes, garnis d’andouillette de pays, fabriquée par la Société Charcutière d’Evecquemont.
Cette collation est préparée et servie par les Conseillers Municipaux (avec un vin qui hélas ! n’est plus lui du terroir) à la population qui danse sur la place depuis 14 heures.
Cette tradition date de 1789.
Cette année, deux Episcomontois décident de participer à la prise de la Bastille. S’armant de courage, ils marchent vers Paris. Hélas, arrivés en ces lieux, le travail est déjà terminé. Prenant le chemin du retour, pour annoncer la bonne nouvelle, ils se hâtent. Mais la route est longue et nos héros sont fatigués, il faut se nourrir et se …… désaltérer. C’est ainsi qu’arrivés à Vaux sur Seine, épuisés de ….. fatigue, ils tombent dans le fossé, sans jamais pouvoir se relever.
Comme à Evecquemont, les nouvelles sont réputées pour aller vite, un passant bien intentionné vient prévenir la population.
Le notable de l’époque demande que l’on attèle un charreton afin de ramener nos « libérateurs » et que l’on sonne les cloches pour rassembler le village, que l’on offre, le pain et l’andouille, que les tonneaux soient mis en perce, que le pays fête leur retour.
Ce fut une soirée de liesse et les Conseils Municipaux que se succèdent, perpétuent cette tradition, chaque année.